Faire d’autres choix et prendre en compte les parents : des nécessités pour mieux préparer l’avenir des jeunes et donner une place forte au lycée professionnel dans le système éducatif

Communiqué de presse du Conseil local FCPE de Saintes et du Conseil Départemental des Parents d’Élèves de Charente-Maritime (CDPE 17)

Faire d’autres choix et prendre en compte les parents : des nécessités pour mieux préparer l’avenir des jeunes et donner une place forte au lycée professionnel dans le système éducatif

Le Président de la République, accompagné de trois ministres, a présenté sa réforme de la voie professionnelle à l’occasion d’une visite au lycée professionnel Palissy le 4 mai 2023.

La communauté éducative n’inclurait-elle plus les parents ? En effet, ils sont les grands oubliés de ce déplacement. Vivant au plus près les situations, les parents d’élèves auraient pu parler de l’orientation, de mobilité, de moyens, de soutien véritable à l’engagement des enseignants, de la difficulté à trouver des stages, du coût de la scolarité (équipement professionnel, transports, internat…), de la poursuite d’études dans le supérieur, c’est-à-dire des réalités concrètes.

La communication de l’Exécutif a mis l’accent sur l’annonce d’un milliard de plus de financement annuel. Et sur la gratification – reportée sur l’État, et non plus venant des entreprises – des périodes de stage. Il ne s’agit donc pas d’une allocation d’études qui permettrait d’aller vers la gratuité en lycée professionnel et de prendre pleinement en compte le coût de la scolarité et celui des équipements professionnels : ceux-ci conserveront une incidence notable sur le choix de la formation.

Le temps véritable de formation aux gestes professionnels n’a cessé de se réduire lors des réformes successives et le parcours de formation initiale va encore s’affaiblir. Avec une augmentation du nombre de semaines de stages – à condition de les trouver ! –, au détriment de semaines d’enseignement, le soutien aux élèves en difficulté scolaire sera réduit et moins de temps sera passé en atelier où l’on forme généralement de manière plus ouverte et globale que sur un poste spécifique en stage d’entreprise.

Une Terminale, à voies inégales, va différencier les élèves voulant entrer directement sur le marché du travail ou souhaitant poursuivre leurs études : aux premiers des périodes de stage augmentées, aux seconds des semaines de cours en complément mais dans l’objectif restreint de permettre surtout une poursuite d’étude à bac+1. Placer les épreuves écrites en mars risque de conduire à une même démobilisation sur les derniers mois que celle déjà constatée en voie générale et technologique.

L’évolution des lycées professionnels vers un système cogéré – en attendant à terme, une tutelle ? – par le monde de l’entreprise constitue une rupture avec le principe d’une école publique visant à construire les conditions de l’émancipation des jeunes. Le gouvernement occulte ces enjeux de citoyenneté et d’émancipation. La volonté de préparer à orienter vers la voie professionnelle dès la Cinquième – certainement de manière différenciée selon les territoires et les milieux sociaux – opère un grand retour en arrière, vers un système d’orientation précoce. Des formations pensées seulement pour la satisfaction des besoins des bassins d’emplois locaux, limiteront la mobilité et les ambitions de se tourner vers des métiers à pourvoir sur d’autres territoires. Les perspectives de poursuite d’étude en BTS sous statut scolaire sont évidemment remises en cause par l’affaiblissement des enseignements généraux requis.

Tout ceci dans un contexte où le service public de l’orientation subit des fermetures de sites, créant ainsi de fortes inégalités dans les territoires, et où des fermetures de formations se dessinent à court terme, dès la rentrée 2023. Les parents, membres à part entière de la communauté éducative, veulent d’autres choix pour le développement du service public de l’orientation, pour une voie professionnelle sous statut scolaire ambitieuse, pour donner une place forte au lycée professionnel dans le système éducatif.

Le Conseil local FCPE de Saintes s’est mobilisé le 4 mai 2023 pour rendre visibles des réalités de la situation éducative locale

Le Conseil local FCPE de Saintes s’est mobilisé le 4 mai 2023, à l’occasion d’une visite présidentielle et ministérielle au lycée Palissy, car il était de notre devoir de Conseil de parents d’élèves de rappeler certaines réalités de la situation éducative locale.

Il n’est pas inutile de constater ici que les représentants de parents FCPE, que ce soit au niveau local, au niveau départemental ou à d’autres niveaux, n’ont pas été conviés à venir s’exprimer au lycée Palissy à l’occasion de cette visite présidentielle et ministérielle, alors même que la FCPE représente les parents dans les Conseils d’Administration des deux lycées Palissy : au Lycée Professionnel et au Lycée Général et Technologique.

Ainsi, le Bureau du Conseil local FCPE de Saintes a décidé d’attirer l’attention sur des situations, en rédigeant un communiqué de presse, pour faire entendre la parole des parents. Ce communiqué, disponible en ligne sur ce site internet du Conseil local FCPE de Saintes, s’intitule : « Aller en visite, pour écouter ou seulement pour communiquer ? » https://fcpesaintes17.fr/2023/05/02/aller-en-visite-pour-ecouter-ou-seulement-pour-communiquer/.

Parmi les problématiques à soulever et à rendre visible ce 4 mai 2023, dont la dégradation de la situation des lycées professionnels, le Conseil local FCPE de Saintes a participé au financement d’une banderole (photographie ci-dessous) pour dire non aux insuffisances des dotations en heures d’enseignement, non aux fermetures de classes – qui frappent plusieurs établissements de Saintes –, et a apporté son soutien à un support réalisé par les personnels du Centre d’Information et d’Orientation de Saintes pour s’opposer à la fermeture de cette structure.

Le Conseil local FCPE de Saintes reste pleinement mobilisé pour nos jeunes.

Aller en visite, pour écouter ou seulement pour communiquer ?

Communiqué de presse

Aller en visite, pour écouter ou seulement pour communiquer ?

La visite ministérielle qui est annoncée pour le jeudi 4 mai 2023 au lycée Palissy de Saintes se fait de manière très paradoxale sur la thématique des enseignements professionnels, alors même que le gouvernement porte des coups très rudes aux lycées professionnels :

– en orientant de plus en plus les formations vers la satisfaction des besoins des entreprises d’un territoire ;

– en diminuant les heures d’enseignements, aussi bien dans les disciplines générales que dans les disciplines professionnelles ;

– en multipliant les modalités d’apprentissage dans une même classe (mixité des publics) ;

– en utilisant le vocabulaire des centres de formation d’excellence (chef-d’œuvre) mais en le vidant de sens ;

– en augmentant les contenus de formation, mais en diminuant le temps des apprentissages.

Le contexte national est à la restriction des moyens humains pour l’école : plus de 1500 postes de personnels enseignants seront supprimés l’année prochaine, à l’école publique. Des logiques budgétaires à courte vue prévalent sur les considérations pédagogiques, comme le montre la suppression de la technologie en Sixième, choix contraire aux enjeux de demain, dans lesquels la technologie jouera un rôle renforcé.

De plus, nous, parents, sommes inquiets pour nos enfants. Fragilisés psychologiquement par les périodes de COVID vécues depuis maintenant 3 ans, ils ne trouvent pas au sein du système éducatif et cela dès la maternelle les moyens suffisants pour être aidés : manque de psychologues, de médecins scolaires, manque de places dans des structures adaptées… Dispositifs pourtant vantés par le Ministère pour favoriser l’inclusion scolaire.

Cette politique régressive trouve ses conséquences localement.

Dans la plupart des établissements du Secondaire de Saintes, les heures d’enseignement allouées (dotations horaires) sont déjà devenues insuffisantes, la situation poursuivant sa détérioration d’une année à l’autre. Des dispositifs, pourtant prévus dans les textes officiels (heures d’orientation, …), ne peuvent être mis concrètement en place : les établissements doivent faire des arbitrages, engendrant des renoncements qui se font aux dépens des élèves. Les moyens humains qui étaient affectés aux remplacements d’enseignants ont été tellement asséchés que les remplacements non assurés conduisent à des pertes d’heures qui créent des inquiétudes légitimes concernant la préparation aux épreuves du baccalauréat. Les parents s’interrogent donc sur la mise en place réelle de l’annonce gouvernementale promettant que chaque enseignant absent serait remplacé à compter de septembre 2023.

Alors que des fermetures de classes sont attendues dans le Secondaire, et qu’en Primaire des écoles du centre-ville restent sur la sellette, se dessine désormais la fermeture-fusion du Centre d’Information et d’Orientation (CIO) de Saintes avec celui de Saint-Jean-d’Angély, ce qui mettra en difficulté nombre de jeunes dans la définition de leur parcours scolaire et la préparation de leur avenir professionnel.

Le Conseil local FCPE de Saintes se mobilise, ce 4 mai 2023, pour contribuer à ce que les ministres ne ferment pas les yeux sur les conséquences dramatiques pour notre jeunesse des choix actuellement effectués, et pour exiger une autre politique éducative : le système éducatif doit être pensé, financé, reconstruit autrement, avec un projet de société tourné vers le progrès et la véritable ambition de favoriser la réussite et l’épanouissement de tous les élèves.